Avec près d’un adulte sur deux l’ayant consommé au moins une fois dans sa vie, le cannabis est la substance illicite la plus répandue en France. Si de plus en plus de pays font un pas vers la légalisation du cannabis, le sujet reste tabou sur notre territoire ou l’interdiction totale de la consommation reste la norme.
Alors pourquoi le cannabis est illégal ? Quelle différence entre forme récréative et médicale ? Est-ce la même chose pour le CBD ? Réponses dans cet article.
Qu’est-ce que le cannabis ?
Le cannabis dont le nom scientifique est Cannabis sativa indica (chanvre indien) est une plante qui appartient à la famille des Cannabaceae.
Très présente dans les régions équatoriales (mais aussi dans de nombreux pays à présent), elle est constituée d’une multitude de composés chimiques appelés cannabinoïdes, le THC (tétrahydrocannabinol) étant sans doute le plus connu. C’est lui qui provoque des effets psychotropes qui modifient l’état de conscience du consommateur, l’effet “high” en somme.
En France, la consommation de cannabis se fait avec de l'herbe ou de la résine. L'herbe correspond aux fleurs séchées de la plante, tandis que la résine, aussi appelée "haschich", est une préparation à partir des trichomes de la plante, ces petits cristaux collants chargés en cannabinoïdes.
Il faut savoir que la teneur en THC peut grandement varier selon les variétés de cannabis et la manière dont il est cultivé.
Bon à savoir : le cannabis est utilisé depuis la préhistoire pour diverses raisons, allant de la médecine traditionnelle aux rituels religieux, en passant par le textile.
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Les dangers du cannabis
Bien que certains considèrent le cannabis comme une plante potentiellement intéressante pour certaines problématiques médicales, il n'en demeure pas moins que sa consommation comporte des risques pour la santé physique et mentale. Voici les principaux dangers pour les consommateurs.
Effets psychotropes
Le THC qui est le principal composant psychotrope du cannabis peut altérer la perception, la coordination motrice, la concentration et induire des états d'anxiété ou de paranoïa chez certains consommateurs.
À noter : ne pas confondre psychoactif et psychotrope. Le cannabis récréatif est psychotrope. Le CBD est psychoactif mais pas psychotrope.
Dépendance et addiction
Comme pour de nombreuses drogues, la consommation régulière de cannabis entraine des effets de dépendance et entraîne des symptômes de sevrage chez les consommateurs réguliers lors de l'arrêt.
N’hésitez pas à consulter notre guide du sevrage cannabique.
Problèmes respiratoires
Fumer du cannabis, tout comme fumer du tabac, expose les poumons à de nombreuses substances nocives. La consommation régulière peut entraîner des complications respiratoires, des infections pulmonaires et augmenter le risque de cancer du poumon. Découvrez les risques à fumer du cannabis ou du CBD.
Impact sur la santé mentale et les fonctions cognitives
Certaines études suggèrent un lien entre la consommation régulière de cannabis à forte teneur en THC et l'apparition de troubles mentaux tels que la schizophrénie, surtout chez les jeunes consommateurs. Le risque de troubles psychotiques est 2 fois plus élevé pour les fumeurs de cannabis que pour les non-consommateurs (Source).
Par ailleurs, le THC peut affecter la mémoire à court terme (utilisée pour se concentrer) et la capacité d'apprentissage. Les effets peuvent être durables en cas de consommation prolongée.
Risque routier
Tout comme l’alcool, l’usage de cannabis avant de prendre le volant peut être fatal. En France, les drogues sont responsables de plus de 20% de la mortalité routière.
Fumer du cannabis affecte la concentration, les réflexes et la perception. Conduire sous l'effet du cannabis multiplie donc logiquement le risque d'accidents, bien qu'aucune étude ne puisse encore conclure à ce sujet.
La législation du cannabis en France
La France se distingue en Europe par sa position particulièrement stricte en matière de législation sur le cannabis. Malgré une consommation élevée par rapport à d'autres pays européens, c’est la politique tolérance zéro qui prime. La consommation, la production et la revente de cannabis sont en effet prohibés. L’interdiction date de 1970 avec la Loi relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et la répression du trafic.
De nos jours, les consommateurs risquent jusqu'à un an de prison et une amende maximale de 3 750 euros. Cependant, dans les faits, les peines de prison pour simple possession sont rares. Depuis 2018, une amende forfaitaire délictuelle de 200 euros (minorée à 150 euros en cas de paiement rapide) peut être appliquée pour les usagers pris en possession de petites quantités. Cette dernière est inscrite au casier judiciaire.
La question du cannabis à usage médical
De nombreuses études internationales ont mis en lumière les propriétés thérapeutiques du cannabis et du CBD pour traiter certains symptômes liés à des maladies ponctuelles ou chroniques : douleurs neuropathiques, spasmes musculaires chez les patients atteints de sclérose en plaques, nausées et vomissements induits par la chimiothérapie, entre autres.
Alors que la majorité des consommateurs et des activistes plaident pour sa légalisation, les autorités françaises sont pendant longtemps restées sur une ligne dure. Cependant, les choses évoluent progressivement. En 2021, une expérimentation (prolongée jusqu’au 25 mars 2024) sur environ 3 000 patients a été lancée visant à évaluer les bénéfices et les risques associés au cannabis médical (uniquement consommé sous forme d’huiles, de gélules et de fleurs séchées à vaporiser).
Le cannabis à usage thérapeutique est désormais autorisé en France, dans un cadre contrôlé et limité auprès de patients souffrant de maladies graves.
Le cannabis en Europe et dans le Monde
La légalisation du cannabis est un sujet en constante évolution. Chaque pays évalue les bénéfices et les risques associés à cette substance, cherchant un équilibre entre la protection de la santé publique, la liberté individuelle et la lutte contre le trafic illégal.
Il faut faire la distinction entre 3 cas de figure :
- Usage médical autorisé
- Usage récréatif autorisé
- Usages médical et récréatif autorisés
En Europe, l’interdiction est majoritaire au sein de l’U.E. Seuls Malte (dans la limite de 7 grammes transportés par personne) et le Luxembourg (consommation toutefois interdite dans l’espace public) ont fait le choix de la légalisation récréative. Dans les autres pays, les sanctions sont variables et vont de la simple amende jusqu’à l’emprisonnement comme à Chypre. D’autres pays comme les Pays-Bas font preuve d’une certaine tolérance, bien que la possession de cannabis soit interdite. On notera également en Allemagne une volonté d'autoriser le cannabis récréatif pour tous.
Le continent nord-américain offre un panorama intéressant en matière de législation du cannabis.
Aux États-Unis, la situation est complexe. Bien que le cannabis reste illégal au niveau fédéral, plusieurs États, comme la Californie, le Colorado et Washington, ont franchi le pas de la légalisation pour un usage récréatif. Chaque État est libre de définir sa propre politique à ce sujet.
Au Canada, le choix a été plus radical. En 2018, le pays est devenu le premier G7 à légaliser totalement la consommation récréative du cannabis (possession maximale de 30 grammes). Cette décision a été guidée par le désir de contrôler la production, la distribution, et de limiter le trafic illégal.
En Amérique du Sud, seul l’Uruguay autorise complétement l’utilisation du cannabis à des fins médicales et récréatives.